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Entreprises en difficulté : vendre avant qu’il ne soit trop tard, quelles stratégies adopter ?

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2025

Préserver la valeur et assurer la pérennité malgré une situation de crise

La cession d’une entreprise en difficulté est un sujet sensible, tant pour les dirigeants et actionnaires que pour les salariés et les créanciers. Lorsqu’une société se trouve confrontée à des problèmes financiers ou opérationnels, vendre rapidement peut parfois s’avérer la seule option pour éviter la faillite. Toutefois, céder dans l’urgence n’est pas toujours synonyme de brader son activité. Voici les principales stratégies à envisager pour maximiser ses chances de réussite dans un contexte de crise.

1. Identifier les signes d’alerte et agir tôt

Surveiller les indicateurs financiers et opérationnels

Bien souvent, une entreprise rencontre des difficultés de trésorerie ou des retards de paiement de fournisseurs avant de se retrouver officiellement en situation d’insolvabilité. Des signaux tels que la baisse continue du chiffre d’affaires, l’augmentation des créances clients ou l’incapacité à honorer certains engagements fiscaux ou sociaux doivent inciter à réagir rapidement.

Éviter l’attentisme

Trop d’entrepreneurs espèrent un retournement de situation spontané, en retardant la recherche de solutions de sortie. Pourtant, plus la réaction est tardive, plus la valorisation de l’entreprise peut chuter. Agir précocement permet de préserver un maximum d’atouts : le personnel clé, la clientèle fidèle et des ressources financières encore exploitables.

2. Évaluer la situation pour déterminer la meilleure stratégie

Diagnostic interne complet

Avant d’envisager la vente, il est crucial de réaliser un audit précis :

  • Bilan financier (trésorerie disponible, encours de dettes, actifs liquidables)
  • Potentiel commercial (portefeuille clients, contrats en cours)
  • Atouts immatériels (brevets, licences, réputation)

Ce diagnostic aide à fixer un prix de cession réaliste et à cibler les repreneurs potentiels susceptibles d’être intéressés par les ressources de l’entreprise (savoir-faire, marque, réseau de distribution).

Choisir le type de cession

Plusieurs options s’offrent à l’entrepreneur en difficulté :

  • Vente partielle des actifs (cession de brevets, de filiales, de marques) pour alléger la dette ou redresser la trésorerie.
  • Transmission en bloc (vendre la totalité de l’entreprise) via un rachat par un concurrent, un investisseur ou un fonds spécialisé dans les restructurations.
  • Fusion ou absorption par un partenaire stratégique, qui permet de conserver une partie de l’activité.

3. S’entourer de spécialistes de la restructuration

Rôle clé des experts-comptables et avocats

Dans un contexte de difficultés financières, l’expert-comptable et l’avocat spécialisé en droit des affaires peuvent apporter un éclairage précieux :

  • Mise en conformité avec la législation (prévention des procédures collectives).
  • Validation des options de reprise ou de restructuration.
  • Négociation avec les créanciers pour un plan d’apurement ou un gel de la dette.
Intervention de conseils en transmission d’entreprises

Certains cabinets sont spécialisés dans la vente de sociétés en difficulté ou en phase de redressement. Leur expérience en matière de valorisation d’actifs et de négociation d’accords de reprise peut faire la différence, en particulier lorsque les discussions s’avèrent complexes (plusieurs repreneurs potentiels, présence de dettes importantes, etc.).

4. Négocier avec les parties prenantes

Rassurer les créanciers

Dans le cadre d’une entreprise en difficulté, les créanciers (banques, fournisseurs, administrations) surveillent de près la solvabilité du vendeur. Avant toute cession :

  • Négocier d’éventuels reports d’échéances ou abandons de créances.
  • Proposer un plan de redressement crédible, montrant comment le repreneur pourra honorer les dettes restantes.
Impliquer le personnel

Le maintien de l’activité et la préservation de l’emploi sont souvent au cœur des négociations. Une communication transparente envers les salariés peut faciliter :

  • Leur adhésion au projet de reprise.
  • La continuité de la production ou du service pendant la transition.

En Europe, des règles spécifiques (transfert des contrats de travail, obligations légales vis-à-vis des instances représentatives du personnel) doivent être respectées pour valider la cession.

5. Optimiser la valorisation malgré les difficultés

Mettre en avant les points forts

Même en difficulté, une entreprise peut disposer de solides atouts :

  • Un savoir-faire reconnu (brevets, compétences uniques).
  • Des références clients prestigieuses ou des contrats longs (assurant des revenus futurs).
  • Une marque à forte notoriété, capable d’être relancée sous une nouvelle direction.

Il est essentiel de présenter ces forces dans un dossier de vente professionnel, accompagné des pièces justificatives (bilans, contrats, projections).

Opter pour un accompagnement post-cession

Pour limiter les risques liés à l’incertitude, certains repreneurs peuvent exiger un accompagnement temporaire de l’ancien dirigeant ou de l’équipe de direction. En échange, le vendeur peut négocier un prix de cession plus élevé ou des conditions de paiement plus favorables (échelonnement, earn-out).

6. Comparer la cession à d’autres solutions

Les procédures de sauvegarde ou de redressement judiciaire

Dans certains pays, dont la Belgique et la France, des procédures légales (PRJ – Procédure de Réorganisation Judiciaire, par exemple) permettent à l’entreprise de geler temporairement ses dettes pour éviter la faillite. Cette option donne du temps pour trouver un repreneur, réaliser des restructurations ou injecter de nouveaux capitaux.

Liquidation judiciaire en dernier recours

Si aucune solution de reprise n’aboutit, la liquidation judiciaire devient inévitable. Les actifs sont vendus au plus offrant, et la valeur récupérée pour les créanciers est souvent bien inférieure à une cession anticipée. D’où l’importance, pour le dirigeant, de tenter une vente en amont afin de maximiser la valorisation résiduelle.

7. En résumé

Vendre une entreprise en difficulté exige une analyse rapide et lucide de la situation, associée à une préparation solide du dossier de cession. Les stratégies à privilégier incluent :

  • Anticiper et repérer tôt les signaux financiers et opérationnels.
  • Réaliser un diagnostic détaillé pour mettre en évidence les atouts restants.
  • S’entourer de conseillers spécialisés (avocats, experts-comptables, cabinets de transmission).
  • Négocier intelligemment avec les créanciers et impliquer le personnel.
  • Comparer la cession avec d’autres voies de restructuration (PRJ, fusion, vente d’actifs partiels).

En agissant de manière proactive et en adoptant une démarche transparente vis-à-vis des parties prenantes, il demeure possible de préserver une partie significative de la valeur de l’entreprise, malgré les circonstances difficiles. L’objectif final : éviter le pire (la liquidation forcée) et favoriser un transfert qui permette au repreneur de relancer l’activité sur des bases assainies.

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