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Le marché de la reprise d'entreprise en Belgique

27
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02
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2025

Entre opportunités, tendances et comparaison avec la France et les Pays-Bas

La reprise d’entreprise constitue un enjeu majeur dans le tissu économique de nombreux pays européens. En Belgique, ce marché connaît des évolutions notables, portées par le vieillissement démographique des chefs d’entreprises, la volonté de sécuriser des emplois et l’attrait pour un modèle entrepreneurial déjà établi.

Voici un panorama des tendances récentes, appuyées par quelques chiffres et comparaisons avec deux voisins majeurs : la France et les Pays-Bas.

1. Un marché en mutation en Belgique

Selon plusieurs sources, dont Statbel et la Banque-Carrefour des Entreprises (BCE), on estime qu’entre 25 000 et 30 000 PME et TPE cherchent un repreneur ou changent de mains chaque année en Belgique.

Ces transferts concernent aussi bien des commerces de proximité que des entreprises industrielles ou de services.

Les Régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles) proposent par ailleurs des dispositifs d’accompagnement dédiés :

  • En Wallonie, des organismes comme la SOWALFIN ou l’Agence pour l’Entreprise & l’Innovation (AEI) aident les candidats repreneurs et cédants (ateliers, diagnostics financiers, etc.).
  • À Bruxelles, la Chambre de Commerce (BECI) et hub.brussels proposent également des formations et un accompagnement sur mesure.
  • En Flandre, des entités comme VLAIO (Agentschap Innoveren & Ondernemen) ou VOKA (Chambre de Commerce flamande) apportent leur expertise pour faciliter la transition.
Le défi démographique

Une grande partie des chefs d’entreprises belges atteint ou approche l’âge de la retraite. Selon une enquête de la BECI, environ 30 % des dirigeants de PME bruxelloises ont plus de 55 ans, et cette proportion est similaire en Wallonie et en Flandre. Cela crée un réel gisement d’opportunités pour les repreneurs, dans un contexte où la transmission est cruciale pour préserver la pérennité de milliers d’emplois.

2. Chiffres et tendances récentes

Montée de la reprise numérique

La digitalisation prend de plus en plus de place, et les repreneurs s’intéressent à des entreprises déjà dotées d’une certaine présence en ligne. Le besoin de poursuivre ou d’implémenter une transition numérique rend certaines structures particulièrement attractives, notamment dans l’e-commerce, la logistique ou les services IT.

Rôle croissant des fonds d’investissement locaux

Les fonds d’investissement belges – parfois régionaux – s’impliquent davantage pour soutenir la transmission dans le cadre de rachats à effet de levier (LBO) ou de montages financiers hybrides. Cette montée en puissance se traduit par un accès facilité aux capitaux pour les acquéreurs et une sécurisation plus forte pour les vendeurs.

Importance de la formation des repreneurs

Des organismes comme SOWALFIN (Wallonie), BECI (Bruxelles) ou VLAIO (Flandre) insistent sur la nécessité de former les candidats repreneurs à l’audit d’entreprise, à la négociation et aux montages juridiques et financiers. Cette professionnalisation du marché contribue à réduire le taux d’échec post-reprise.

3. Comparaison avec la France et les Pays-Bas

France : un marché plus large, mais des défis similaires

En France, on estime que plus de 50 000 entreprises changent de mains chaque année (selon Bpifrance et l’Observatoire de la Transmission). Le contexte démographique y est comparable : de nombreux dirigeants proches de la retraite cherchent un successeur.

Les dispositifs publics (Bpifrance, Chambres de Commerce et d’Industrie) sont également largement développés, avec un accent particulier sur la mise en relation via des plateformes comme “Transentreprise”.

Cependant, la densité plus importante du tissu entrepreneurial en France (notamment dans les régions dynamiques comme l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes ou la Nouvelle-Aquitaine) offre davantage de cibles potentielles, tout en complexifiant la concurrence entre repreneurs.

Pays-Bas : une culture de la transmission ancrée

Aux Pays-Bas, la culture de l’entrepreneuriat est historiquement forte. Les Chambres de Commerce néerlandaises (Kamer van Koophandel, KVK) et diverses initiatives privées encouragent très tôt la planification de la succession. Les PME néerlandaises préparent souvent leur transmission plusieurs années à l’avance, intégrant des dispositifs de mentorat ou de participation progressive des repreneurs (MBO – Management Buy-Out).

Cette anticipation accrue se traduit par un marché de la reprise relativement fluide, où les transactions sont généralement bien préparées et accompagnées par des conseillers spécialisés. Les avantages fiscaux néerlandais pour la succession d’entreprise peuvent par ailleurs stimuler la transmission familiale, un point qui demeure plus complexe en Belgique.

4. Perspectives et enjeux

Le marché de la reprise d’entreprise en Belgique va probablement continuer à se développer dans les prochaines années, sous l’effet combiné :

  • Du vieillissement démographique, qui alimente l’offre de sociétés à reprendre.
  • De la sensibilisation croissante à la nécessité de sauvegarder le savoir-faire et l’emploi local.
  • D’une meilleure professionnalisation du processus, grâce aux formations et aux accompagnements spécifiques.

Toutefois, des défis persistent :

  • Coordination régionale pour simplifier et harmoniser les soutiens (fiscaux, financiers, administratifs).
  • Accompagnement des micro-entreprises : moins structurées, elles ont souvent du mal à se vendre faute de formalisation comptable ou de stratégie de sortie claire.
  • Integration des nouvelles générations : convaincre des jeunes (ou des cadres en reconversion) de reprendre plutôt que de créer ex nihilo.

5. En résumé

Le marché de la reprise d’entreprise en Belgique se trouve à la croisée des chemins, entre des opportunités grandissantes portées par le départ à la retraite de nombreux dirigeants et des enjeux de compétitivité économique. Grâce à un accompagnement institutionnel de plus en plus structuré (SOWALFIN, BECI, VLAIO) et à l’essor d’acteurs privés (fonds d’investissement, cabinets spécialisés), les candidats à la reprise peuvent bénéficier d’un cadre facilitant.

Par rapport à la France et aux Pays-Bas, la Belgique se situe dans une position intermédiaire : elle possède un vivier d’entreprises attractives, mais le marché gagnerait encore à se professionnaliser et à mieux coordonner les aides régionales.

En somme, cette dynamique ouvre la voie à de nouvelles collaborations et à une transition plus sereine pour les dirigeants cédants et les repreneurs, tout en maintenant un tissu économique riche et diversifié au cœur de l’Europe.

Sources :

  • Statbel (statistiques officielles sur les entreprises belges).
  • Banque-Carrefour des Entreprises (BCE).
  • SOWALFIN (Wallonie) et BECI (Bruxelles).
  • Bpifrance (observatoire de la transmission en France).
  • Kamer van Koophandel (KVK) pour les Pays-Bas.

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