Article CessionPro

Entreprises familiales : transmission ou vente, quel choix pour pérenniser votre activité ?

02
/
03
/
2025

Enjeux, stratégies et bonnes pratiques pour assurer la continuité des affaires

La pérennité d’une entreprise familiale constitue un défi majeur, aussi bien sur le plan financier que sur celui des relations entre proches. Lorsque vient le moment de passer le relais, plusieurs options s’offrent au dirigeant et à sa famille : transmission aux héritiers, ouverture du capital à des partenaires externes ou vente pure et simple. Chacune de ces voies présente ses avantages et ses contraintes. Voici un tour d’horizon des points clés pour vous aider à prendre une décision éclairée.

1. Les spécificités de l’entreprise familiale

Une forte dimension émotionnelle

Dans une entreprise familiale, la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle est souvent ténue. Les choix stratégiques ne se limitent pas à des considérations purement économiques : ils touchent également l’harmonie familiale, la volonté de perpétuer un héritage et les attentes de chaque génération.

Un capital de confiance et de réputation

Les entreprises familiales bénéficient généralement d’une bonne réputation et d’une culture d’entreprise fondée sur des valeurs fortes (loyauté, relation de proximité avec les clients, etc.). Ce capital peut représenter un atout lors de la reprise ou de la vente, à condition de bien le valoriser.

2. La transmission intrafamiliale

Continuer l’histoire familiale

La transmission aux héritiers est souvent privilégiée lorsque les enfants, neveux ou nièces manifestent le désir et les compétences nécessaires pour reprendre le flambeau. En Belgique, la transmission intrafamiliale peut être optimisée grâce à certaines mesures fiscales, dont les droits de donation réduits selon les Régions (Wallonie, Bruxelles, Flandre).

Les précautions à prendre
  • Planifier à l’avance : Anticipez la formation des repreneurs potentiels et informez-les progressivement de la gouvernance.
  • Clarifier les rôles : Désignez clairement qui assumera la direction opérationnelle, qui aura un rôle d’actionnaire passif, etc.
  • Gérer l’équité entre héritiers : Tous les membres de la famille ne souhaitent pas forcément s’impliquer de la même manière. Des mécanismes d’indemnisation ou de rachat de parts peuvent être nécessaires.

3. L’ouverture du capital à des tiers

Trouver des partenaires stratégiques

Il arrive qu’aucun héritier ne souhaite ou ne puisse reprendre l’entreprise. Dans ce cas, ouvrir le capital à des investisseurs extérieurs (fonds, partenaires industriels) peut offrir un compromis : la famille reste actionnaire, mais délègue une partie de la gestion. Cette solution permet :

  • D’injecter des capitaux frais pour financer la croissance ou rembourser des dettes.
  • De bénéficier de nouvelles compétences ou d’un réseau commercial élargi.
  • De garantir une transition progressive : le dirigeant familial peut conserver un rôle de conseil ou de président non exécutif.
Les enjeux à anticiper
  • Perte de contrôle : L’arrivée de nouveaux actionnaires peut remettre en question la culture familiale et la prise de décisions collégiale.
  • Négociation de pactes d’actionnaires : Pour organiser la gouvernance, les droits de vote, la répartition des dividendes, etc.

4. La vente totale de l’entreprise

Pourquoi opter pour une cession complète ?
  • Absence de repreneurs familiaux : Si personne dans la famille ne désire ou ne peut prendre la relève.
  • Besoins financiers : Le dirigeant souhaite monétiser son patrimoine pour préparer sa retraite ou réorienter ses investissements.
  • Opportunité de marché : Une forte demande sur le secteur peut offrir un prix de cession attractif.
Maximiser la valorisation

Même pour une entreprise familiale, la préparation en amont reste cruciale :

  • Bilans clairs et comptes audités : Renforcer la confiance des acquéreurs.
  • Documentation sur la clientèle et le savoir-faire : Mettre en avant la solidité de la base clients, la notoriété de la marque, etc.
  • Accompagnement du nouvel acquéreur : Une période de transition, assurée par le dirigeant sortant, peut rassurer les candidats et justifier un meilleur prix.

5. Les aspects fiscaux et juridiques en Belgique

Régimes fiscaux régionaux

En Belgique, la fiscalité applicable à la transmission d’entreprise varie selon la Région de rattachement (Wallonie, Bruxelles-Capitale, Flandre). Des réductions de droits de donation ou de succession peuvent s’appliquer si l’entreprise est détenue depuis un certain temps ou si elle continue son activité pendant plusieurs années après la transmission.

Structuration de la gouvernance

Dans une perspective de transmission, il est judicieux de formaliser la gouvernance familiale :

  • Rédaction d’un pacte familial : Clarification de la répartition des parts, des modalités de sortie, des règles de nomination aux postes-clés.
  • Création de holdings : Pour regrouper les actifs et faciliter la gestion des participations entre différents héritiers.

6. Comparaison avec la France et les Pays-Bas

France : un contexte fiscal spécifique

En France, le “Pacte Dutreil” permet sous certaines conditions de bénéficier d’importantes réductions de droits de donation ou de succession lors de la transmission d’entreprises familiales. L’exigence de conserver les titres pendant une durée minimale et de participer à la gestion figure parmi les conditions clés.

Pays-Bas : une tradition de préparation en amont

Aux Pays-Bas, la culture de l’entrepreneuriat familial encourage souvent la préparation très anticipée de la succession. Des dispositifs fiscaux existent (Bedrijfsopvolgingsregeling), facilitant la transmission, à condition que l’activité soit poursuivie et que certaines règles de détention soient respectées. Les Néerlandais ont également tendance à recourir à des conseillers familiaux (family offices) pour gérer au mieux la séparation des biens professionnels et privés.

7. En résumé

Pour une entreprise familiale, la question de la pérennité implique de faire un choix réfléchi entre la transmission intrafamiliale, l’ouverture du capital ou la cession complète. Les critères à considérer incluent la volonté et les compétences des héritiers, la situation financière, les perspectives de croissance et l’impact émotionnel d’un éventuel détachement.

  • La transmission intrafamiliale permet de préserver l’héritage et l’identité familiale, mais requiert une solide organisation interne et une planification à long terme.
  • L’ouverture du capital offre un relais partiel et peut dynamiser l’entreprise via des capitaux et expertises externes.
  • La vente totale constitue parfois la meilleure issue lorsque personne ne souhaite reprendre, ou lorsque le dirigeant désire sécuriser rapidement son patrimoine.

Dans tous les cas, s’entourer de professionnels (notaires, conseillers fiscaux, experts-comptables, avocats spécialisés) et anticiper les implications financières, juridiques et humaines restent les clefs pour réussir la transition. En Belgique, comme dans les pays voisins, l’avenir d’une entreprise familiale dépend avant tout de la capacité des générations successives à préserver et faire fructifier l’essence d’un savoir-faire transmis au fil du temps.

Retour au blog