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Financer la reprise d’un fonds de commerce : solutions belges et européennes pour les repreneurs

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03
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2025

La reprise d’un fonds de commerce en Belgique implique souvent d’importants besoins de financement. Entre les dispositifs bancaires classiques, les aides publiques locales ou fédérales, et même certaines subventions européennes, il peut être difficile de s’y retrouver. Toutefois, un bon montage financier permet non seulement de rassurer les organismes de crédit, mais aussi de maximiser ses chances de succès dans la relance ou le développement de l’activité reprise. Dans cet article, nous passons en revue les principales solutions de financement disponibles pour les repreneurs, tout en soulignant l’importance cruciale d’un plan financier solide.

Les enjeux du financement pour la reprise d’un fonds de commerce

La reprise d’un fonds de commerce se distingue de la création d’entreprise, car elle concerne le rachat d’une activité déjà existante, avec sa clientèle, ses contrats, son stock et son matériel. Les fonds nécessaires couvrent souvent :

  • Le prix d’achat du fonds (clientèle, droit au bail, éventuelle marque, etc.).
  • Les stocks et équipements (machines, mobilier, outils informatiques).
  • Les éventuelles dettes ou frais annexes (frais notariés, honoraires d’experts).
  • Le besoin en fonds de roulement initial (trésorerie pour les premiers mois de fonctionnement).

Dès lors, le futur repreneur doit présenter un dossier de financement complet et crédible, sous peine de voir sa demande rejetée par les banques ou les organismes publics. Parmi les critères évalués : la rentabilité prévisionnelle, la solidité du repreneur, la pérennité du secteur d’activité et l’adéquation entre le besoin en capital et les capacités de remboursement.

1. Les prêts bancaires : un recours incontournable

Les banques belges, qu’il s’agisse d’établissements généralistes ou spécialisés (p. ex. dans le secteur des PME), demeurent la première source de financement pour la reprise d’un fonds de commerce.

Le crédit professionnel classique

Le prêt professionnel est une solution souvent privilégiée par les repreneurs. Il s’agit d’un emprunt à moyen ou long terme, permettant de financer tout ou partie du prix de rachat et les besoins initiaux en trésorerie. Le montant, la durée et le taux d’intérêt sont négociés en fonction :

  • Du plan financier et de l’historique de l’entreprise cible.
  • De la capacité de remboursement (cash-flow prévisionnel, marges).
  • Des garanties proposées (cautions personnelles, hypothèque sur le fonds de commerce ou sur un bien immobilier, etc.).
Le crédit-pont ou crédit relais

Dans certains cas, le repreneur souhaite débloquer rapidement des fonds, en attendant l’aboutissement d’autres sources de financement (vente d’un bien, recours à des investisseurs, subventions). Le crédit-pont est alors une solution transitoire, qui doit toutefois être remboursée sur une période courte. Il s’applique plus rarement dans le cadre d’une reprise, mais peut se révéler utile en cas de timing serré.

2. Les aides publiques belges : un soutien local et fédéral

La Belgique dispose de dispositifs spécifiques d’aide à la reprise d’entreprise, gérés tantôt au niveau fédéral, tantôt au niveau régional (Flandre, Wallonie, Bruxelles-Capitale). Ces aides peuvent prendre la forme de prêts à taux réduit, de garanties ou de primes.

Les organismes régionaux
  • En Wallonie : La SOWALFIN (Société Wallonne de Financement et de Garantie des PME) propose des formules de cofinancement et de garantie. L’objectif est de faciliter l’accès au crédit bancaire en couvrant une partie du risque.
  • À Bruxelles : Des organismes comme finance&invest.brussels (anciennement SRIB) ou hub.brussels accompagnent les porteurs de projet dans leur recherche de solutions financières et accordent parfois des prêts participatifs.
  • En Flandre : L’Agentschap Innoveren & Ondernemen (VLAIO) offre divers programmes de soutien et met en place des partenariats avec les banques pour encourager la reprise de PME.
Les prêts subordonnés

Certains organismes publics belges proposent des prêts subordonnés. Cette formule présente l’avantage d’être considérée comme des quasi-fonds propres par les banques, ce qui accroît la capacité d’endettement. Le taux d’intérêt est souvent plus attractif que celui proposé par des investisseurs privés, mais le dossier doit être très solide et aligné avec les priorités régionales (maintien de l’emploi, innovation, etc.).

Les primes et subsides à la transmission

Dans certaines régions, le gouvernement accorde des primes spécifiques pour la transmission ou la reprise d’entreprises. Ces aides varient en fonction de la taille de l’entreprise, du secteur d’activité et de la localisation (zones en reconversion, quartiers urbains à revitaliser, etc.). Bien qu’elles soient généralement moins importantes que les crédits ou garanties, elles peuvent couvrir une partie des frais annexes (conseils juridiques, audits).

3. Les financements européens : un levier de développement

Outre les dispositifs belges, l’Union européenne met en place des programmes visant à soutenir l’entrepreneuriat et la transmission d’entreprises, dans le but de stimuler l’économie et l’emploi.

Les fonds structurels et d’investissement

Certains fonds européens (FEDER, FSE, FEADER, etc.) peuvent cofinancer des projets de développement ou de reprise qui ont un impact sur la cohésion économique, sociale et territoriale. Les repreneurs peuvent en bénéficier indirectement, via des appels à projets régionaux ou des programmes de soutien aux PME, pour :

  • Moderniser les outils de production.
  • Développer l’innovation ou la recherche appliquée.
  • Renforcer l’inclusion sociale dans des zones défavorisées.
Le programme COSME et le soutien aux PME

Lancé par la Commission européenne, COSME (Programme pour la compétitivité des entreprises et des PME) offre des garanties de prêts bancaires et des actions de facilitation de l’accès au financement. Les institutions financières partenaires (banques, fonds d’investissement) peuvent ainsi proposer des conditions de crédit plus avantageuses, réduisant le risque pour le repreneur.

4. L’importance d’un plan financier solide

Pour convaincre les organismes de crédit, les investisseurs ou même les organismes publics, le plan financier occupe une place centrale. Il ne s’agit pas simplement de présenter des tableaux de chiffres, mais de démontrer la viabilité du projet de reprise et la capacité du repreneur à gérer l’activité.

Les éléments incontournables du plan financier
  • Étude de marché et positionnement : Explication du potentiel de croissance, identification de la concurrence, analyse des tendances sectorielles.
  • Prévisionnel de ventes et de marges : Hypothèses de chiffre d’affaires sur les premières années suivant la reprise, calcul des coûts variables et fixes.
  • Bilan prévisionnel et trésorerie : Visualisation de la structure financière attendue (capitaux propres, dettes, etc.) et du solde de trésorerie mois après mois.
  • Ratio de couverture et analyse de sensibilité : Capacité à rembourser les emprunts, marge de sécurité en cas de baisse de l’activité ou de surcoûts imprévus.
Construire la confiance avec les partenaires financiers

Un plan financier de qualité n’est pas qu’un document. Il démontre le professionnalisme du repreneur et sa connaissance fine de l’entreprise ciblée. Pour renforcer la crédibilité :

  • S’appuyer sur des experts : Comptables, conseillers en transmission, cabinets spécialisés peuvent valider les hypothèses et la méthodologie.
  • Être réaliste : Les scénarios trop optimistes suscitent la méfiance. Privilégier des hypothèses prudentes tout en mettant en avant les opportunités de croissance.
  • Montrer sa capacité de gestion : Si possible, apporter des références ou un historique de réussite dans un secteur similaire.

5. En résumé

Le financement de la reprise d’un fonds de commerce en Belgique peut mobiliser plusieurs sources : prêts bancaires, aides publiques régionales, subventions européennes ou encore financements alternatifs (investisseurs privés, business angels). Pour maximiser ses chances de succès, le repreneur doit :

  • Présenter un plan financier solide, démontrant la rentabilité et la viabilité du projet.
  • S’entourer de spécialistes (banquiers, comptables, organismes régionaux) pour identifier les dispositifs publics et européens adaptés.
  • Négocier avec les institutions financières en mettant en avant ses atouts et les garanties possibles.

Grâce à une préparation minutieuse et à une vision claire de son projet, le futur dirigeant pourra convaincre les différents acteurs de l’accompagner dans la relance et le développement du fonds de commerce repris. La clé réside dans la cohérence et la crédibilité d’un dossier qui intègre à la fois les réalités du marché, la dynamique de l’entreprise cédée et la stratégie de croissance à venir.

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